« Si vous ne comprenez pas pourquoi les gens dansent, commencez par danser comme eux et vous comprendrez pourquoi ils dansent comme ils dansent. »  Anonyme

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Bethléem > Jérusalem > Césarée > Haïfa > Nazareth

Sixième jour

A deux nous sommes accueillies par un jeune couple de catholique, Essam et Noah, occupant, avec leurs trois enfants, un minuscule quatre pièces situé en sous-sol. Exploitant un minibus qu’il paye à tempérament, Essam ne travaille que deux ou trois fois par semaine : les touristes ont déserté Bethléem depuis longtemps. Nous leur demandons : "Votre vie est-elle plus difficile qu’avant ?"

Oui, nous répondent-ils, incontestablement. Certes, à Ramallah et à Bethléem, notre situation est privilégiée par rapport à l’horreur que vivent nos familles de l’intérieur de la Palestine, à Naplouse et à Jénine par exemple. Pour nous, l’occupation se traduit par une précarité économique ininterrompue, de moins en moins de travail, l’interdiction de nous rendre en Israël, nous donnant l’impression de vivre dans une véritable prison : cela fait dix ans que nous n’avons pas pu nous rendre à Jérusalem, pourtant tout proche. On ne donne d’autorisation ni pour voir nos familles ni pour les fêtes. Enfin la mort est toujours au coin de la rue. La dame qui, une fois tous les quinze jours, fait le ménage chez nous – moyennant dix dollars par jour – a perdu son fils de dix-sept ans il y a quelques mois. Avec un copain, il jetait des pierres sur un char. Ils ont été abattus à bout portant. Beaucoup de nos amis chrétiens sont partis à l’étranger. Nous, on ne veut pas quitter notre pays.

Rendez-vous, sur la recommandation d’un ami pacifiste israélien et en petit comité, avec le maire de Bethléem, qui nous reçoit au premier étage de l’Hôtel de ville, situé place de la Crèche, face à l’église de la Nativité avec vue sur la colonie d’Aroma qui surplombe la vallée délimitant Bethléem. M. Victor Batarseh est chrétien. Il précise :

 En vertu d’un décret présidentiel, le maire de Bethléem est obligatoirement chrétien et c’est logique : il y a quelques années encore les chrétiens formaient 92 % de la population. Aujourd’hui nous ne sommes plus que 35 %.

Nous l’interrogeons : quelle solution voit-il à la situation présente qui semble complètement dans l’impasse ? Il répond :

Certainement pas la création de deux Etats : quel pourrait être la viabilité d’un Etat palestinien qui ne dispose même plus, aujourd’hui, des 22 % de son territoire qui lui avaient été attribuées après la guerre de 1967 ? Je pense, comme le pense mon parti, le Front populaire de Libération de la Palestine que nous devrions négocier pour la création d’un seul Etat, égalitaire et démocratique. Et laïque, car pas plus que Islam et démocratie, Judaïsme et démocratie ne peuvent aller ensemble. Je dis : négocier. Car nous condamnons toute espèce de tueries, qu’elles soient perpétrées par des militaires ou des civils. Et nous continuons à espérer que l’opinion internationale mettra en demeure le gouvernement israélien à appliquer les résolutions adoptées en 1948. Sur un plan plus pratique, j’aimerais que vous encouragiez tous vos amis européens à venir ici, sur place, pour constater par eux-mêmes ce qui s’y passe. Je pense qu’ils comprendront.

"Garder vivant en nous l’humain"

Après le passage du check-point de Gilo, transformé depuis peu en terminal ultra-moderne où les ordres métalliques tombent des haut-parleurs, nous retrouvons notre car, notre chauffeur et notre guide israéliens. Cap sur le nord du pays, et, espérons-nous, enfin le soleil. Petit crochet à Césarée, ville-charnière entre Occident et Orient, construite par Hérode le Grand, puis, au cours des siècles, tantôt détruite, tantôt fortifiée par les Byzantins, les Arabes, les Croisés et les Ottomans. Vestiges impressionnants, aujourd’hui entretenus et présentés, dans un film, par la famille Rothschild. Puis, en haut du Mont Carmel, dans la tour de l’Université d’Haïfa, on nous expose les recherches menées, au sein du Centre d’études judéo-arabes en vue de l’extension de l’apprentissage de l’hébreu et de l’arabe en simultané dans l’enseignement primaire. Entreprise difficile : dans tout le pays quatre écoles seulement – dont celle de Neve Shalom – Wahat As-Salam – sont bilingues. Dans les écoles arabes, tous les enfants apprennent l’hébreu. Dans la plupart des écoles juives, à la demande des parents, on a supprimé les cours d’arabe.

Pour nous, précise-t-on, le défi est de faire comprendre qu’apprendre la langue de l’autre n’est pas apprendre la langue de l’ennemi, mais se mettre en situation de mieux communiquer entre les deux cultures.

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